La série des poissons illustrants des poèmes et sur pause: il faudra attendre juillet pour de nouveaux dessins.
En attendant les traductions s’empilent, et j’entame une nouvelle série d’illustrations rapides, inspirées par des photos prises dans la ville (et qui me font penser de près ou de loin à Akhmatova).
Entre P&P 17 et Akhmatova 19, il manque le numéro 18: il s’agit du poème Le saule (Ива), qui me ferait presque pleurer, tant il me donne du fil à retordre.
Маяковский в 1913 году
Я тебя в твоей не знала славе,
Помню только бурный твой рассвет,
Но, быть может, я сегодня вправе
Вспомнить день тех отдаленных лет.
Как в стихах твоих крепчали звуки,
Новые роились голоса…
Не ленились молодые руки,
Грозные ты возводил леса.
Все, чего касался ты, казалось
Не таким, как было до тех пор,
То, что разрушал ты, – разрушалось,
В каждом слове бился приговор.
Одинок и часто недоволен,
С нетерпеньем (?) торопил судьбу,
Знал, что скоро выйдешь весел, волен
На свою великую борьбу.
И уже отзывный гул прилива
Слышался, когда ты нам читал,
Дождь косил свои глаза гневливо,
С городом ты в буйный спор вступал.
И еще не слышанное имя
Молнией влетело в душный зал,
Чтобы ныне, всей страной хранимо,
Зазвучать, как боевой сигнал.
Maïakovsky en 1913
Je ne te connaissais pas au temps de ta gloire,
Mais je me souviens de tes fougueux débuts,
Et peut-être suis-je quand même en droit ce soir
D’évoquer un jour de ce temps révolu.
Comme dans tes vers, les sons montaient crescendo,
Ce brouhaha fourmillait de voix nouvelles…
Toi, tu bâtissais de monstrueux échafauds
Et tes jeunes mains s’affairaient de plus belle.
Tout ce qui autrefois avait pu te toucher
Ne t’émouvais plus de la même façon,
Ce que tu avais assailli gisait brisé,
Chaque mot portait une condamnation.
Être solitaire et rarement satisfait,
Tu pressais le destin avec impatience
En sachant que bientôt, joyeux, tu t’en irais
Libre d’aller mener ton combat immense.
Et déjà c’était la marée qu’on entendait,
Le bruit du ressac, quand tu lisais pour nous,
La lune en colère avec ses yeux qui louchaient,
La ville sur qui s’abattait ton courroux.
Ton nom que personne encore ne connaissait
Vola soudain dans l’air lourd, tel un éclair,
Et aujourd’hui chéri par le peuple au complet
On l’entend résonner comme un cri de guerre.
Anna Akhmatova
3-10 mars 1940
Pieds: 12/11
(original: 10/9)
Vers croisés
J’ai choisi, une fois n’est pas coutume, d’ajouter deux pieds à l’original: mal m’en a pris, le résultat est passablement indigeste. Le pauvre Maïakovski méritait mieux que ça!
Maïakovski: son nom reste pour moi celui de ma rue, de ma station de métro. Voilà pourquoi il se retrouve illustré par des pavés disjoints.
Maïakovski, avant d’être le nom d’une rue, était l’auteur d’un livre en russe que grand-papa avait sorti d’une armoire: Любовь – это сердце всего.
L’amour – c’est le cœur de tout, ou Amour – au coeur de tout: libre à moi d’inventer le titre en français, vu qu’il n’est pas encore traduit. Il s’agit de la correspondance amoureuse du poète avec Lili Brik.
Je ne pouvais pas encore le lire à l’époque, mais il attend patiemment son heure dans ma bibliothèque: cette année sera-t-elle la bonne ?