Fin septembre, à Dieppe, un bébé d’aluminium était conçu à grands coups de collage-rivetage. 669 km plus à l’est, je faisais en guise de babyshower cuire des artichauts à la vapeur.
À défaut de pouvoir faire le pied de grue devant la maternité, je faisais les cent pas dans le quartier du port. Je restais prise Quai du Carénage dans les filets gras et houblonnés de Chez Polette puis captivée par une photo de La Cravache d’Or: Atmosphère à mi-chemin entre Delicatessen (nous voilà justement à la rue Tête de Boeuf) et La Cité des enfants perdus. Souhaitons à notre petite Alpine des rêves moins angoissants.
L’eau de cuisson des artichauts s’est révélée d’un vert profond, parfait pour peindre ce ciel dieppois ! Il ne manque plus qu’un peu de bleu.
Pickles de daikon -> bon pour le microbiote intestinal -> Darmstadt -> Ds, symbole chimique du darmstadtium -> synthétisé pour la première fois par Peter Armbruster (et Gottfried Münzenberg)
Le chimiste du jour est toujours vivant, et même nonagénaire: parfait pour illustrer une recette de tsukemono de daikon (ou en vf: radis long en saumure).
La recette est très simple, du moment que l’on dispose d’un tsukemonoki et de yuzukoshô (purée de piment vert au yuzu). Alternativement, on peut bricoler avec un bocal et des poids, et remplacer le yuzukoshô par des zestes de citron et du piment frais ou en poudre.
Pour environ quatre portions: 200 g de daikon (à peu près une moitié de légume), 1/2 cc de sel, 1/4 cc de yuzukoshô
Peler le daikon, le couper en deux dans le sens de la longueur, puis en fines tranches d’environ 2 mm. Saupoudrer de sel et de yuzukoshô, bien mélanger puis tasser au fond du tsukemonoki. Laisser reposer au frigo quelques heures, ou en tout cas assez pour que les pickles soient immergés. Egoutter, servir en salade ou en garniture.
Si j’ai affublé Peter Armbruster de deux pickles oreilles de lapin, c’est un peu à cause de son prénom, mais surtout parce qu’il a l’air d’avoir de l’humour, en tout cas à en juger cette interview.
Petit jeu: chercher en plus du darmstadtium les quatre autres éléments du tableau périodique nommés en l’honneur d’une ville.
« Tout portrait qu’on peint avec âme est un portrait non du modèle, mais de l’artiste », écrit Oscar Wilde dans Le Portrait de Dorian Gray: serait-ce une double psychothérapie qui se joue sous l’oeil narquois de ce chien ?
En parlant de chiens: un autre petit portrait entre amis.
Oui, ça peut toujours être pire. Ce n’est pas la pauvre Margarete qui dira le contraire. Quentin Metsys avait néanmoins beaucoup d’amis.
Bonus de fin de vacances:
Savoirs en cascade offerts gracieusement par M. Bosch: L’Escamoteur (où l’on apprend que l’escamoteur n’est pas le personnage de gauche mais celui de droite), La Lithotomie (méfiez-vous des tailleurs de pierre), et The Madman’s Honey, la bande son délicieusement rétro de ce soir.
Lasalle, une rue toute en longueur, une boulangerie à chaque bout. Le soleil tape, les cigales cymbalisent, le duel entre Le Gourmet et Les Douceurs d’Emy s’annonce serré (une chouquette pourrait faire pencher la balance). Une visite au Café de la Place (et à ses toilettes atypiques) et nous regagnons nos collines.
Soudorgues, climat définitivement non-violent à Terre de Mauripe: sirops divers et Vieille Gisèle (au cas où nous l’aurions ratée au marché de Lasalle). Ambiance décontractée à La Balade Gourmande, suivie d’une promenade au clair de lune.
Je n’oserai troubler ce calme et je m’abstiendrai d’écrire des bêtises, au cas où l’ancienne institutrice de l’école du hameau de La Coste me surveille depuis là-haut…
Intérieur typique entre Ribes et Saint-André-Lachamp.
Pour de vraies explications sur l’habitat ardèchois, se reporter aux travaux de Michel Carlat, les pages 28 à 32 dans notre cas. En plus court par ici.
« Il vient d’une famille pauvre: son père dirigeait les ouvriers du château d’Hébertot que possédait le petit-fils du chancelier D’Aguesseau. (…) Il expira tranquillement dans la nuit du 14 novembre 1829, alors qu’il essayait de traduire quelques vers de Virgile. »
Entre sa jeunesse et cette mort en charmante compagnie, une vie édifiante et fort remplie que des parents citeraient volontiers en exemple. Au nombre de ses découvertes, on retrouve la nicotine, l’asparagine, la pectine ou encore l’acide quinique: pensez à lui lors de votre prochaine cigarette, asperge, pomme ou gin tonic !
Pour une plaque de crackers: 85 g de farine d’épeautre, 80 g de farine de sarrasin, 30 g de graines de courges, 18 olives (dénoyautées et coupées en morceaux), 1 cs de zaatar, 1/4 cc de sel, 2 cs d’huile d’olive, 80 g d’eau
Préchauffer le four à 170°. Mélanger les ingrédients secs (graines de courge et olives incluses), ajouter l’huile et l’eau, former une boule de pâte et la pétrir quelques instants. Sur une plaque chemisée de papier cuisson, étaler la pâte avec les mains jusqu’à ce qu’elle atteigne une épaisseur d’environ 5 mm. Prédécouper 16 rectangles (avec le dos d’un couteau ou une corne à pâtisserie) et mettre au four pour 15 à 20 mn.