Quelle image pour illustrer « Angleterre » (lubie du moment), « saumon » et « caviar » ? A l’oral du moins, il y a de quoi pêcher dans ma bibliothèque: Journal d’Hareng et d’autres lieux, merci Nicolas Bouvier !
Deux petits couacs (ou leurs cousins) cependant (mais pas de tortue): les îles d’Aran se trouvent en Irlande, et les éléments se liguent contre ma plume dégoulinante (help).
Direction le Pays de Galles, puisqu’on y trouve du saumon. Laissant ces derniers remonter la Taf, nous nous jetons avec elle dans l’estuaire de la Severn à Cardiff, et nos lignes depuis la jetée de Penarth.
Menu festif et quasi-calviniste: patates à l’eau, saumon à l’eau, crème (aïe) aigre (ouf), caviar (AÏE) mais pas du vrai (OUF)
Quasi calviniste, parce que le dur labeur n’est pas vraiment au rendez-vous, voyez plutôt:
pour deux personnes: 400 g de saumon (le plus frais possible), deux feuilles d’algues nori (celles pour rouler des sushis), 4 cs de sauce soja, 1 cc d’agar-agar, un verre d’huile de tournesol (2 dl environ), une seringue en plastique(ou une pipette), des patates bouillies, de la crème aigre
Plier les feuilles de nori dans une tasse, ajoutez 2 dl d’eau bouillante et laisser infuser 15 mn au moins. Mettre l’huile au frigo, histoire qu’elle soit bien froide au moment de faire le caviar (au pire, 5 minutes au congélateur).
Couper le saumon en tranches de 2 cm d’épaisseur et les disposer dans un plat à gratin assez grand pour qu’elles ne se chevauchent pas. Recouvrir le saumon d’eau bouillante et le laisser se pocher tout seul comme un grand.
Filtrer le bouillon d’algue et en verser 120 g dans une petite casserole, ajouter l’agar-agar et porter à ébullition. Laisser frémir pendant 30 secondes, puis ajouter la sauce soja. Sortir le verre d’huile du frigo, et à l’aide de la seringue, faire tomber des gouttes d’infusion algue-sauce soja dans l’huile. Les grains de caviar vont se déposer au fond. Sortir les billes de l’huile (elle peut être réutilisée), les rincer à l’eau froide, mettre en bocal et conserver au frais.
Sortir le saumon de son bain, bien égoutter, dresser sur les assiettes avec les pommes de terre, le caviar et la crème aigre.
Et bon appétit !
Et un autre film charming pour Noël (pas de rennes, mais des saumons) !
Angleterre, patrie de l’Eggnogg (ou lait de poule), boisson aux nombreuses variantes.
On pourrait sans fin faire rimer hiver, placer des frimas et frimer sans fin, mais restons simples:
Qui dit hiver dit aussi Noël,
Qui dit Noël dit aussi films, les mêmes classiques année après année, et les petits plaisirs coupables (je n’ai d’yeux que pour le cottage),
Qui dit Noël dit surtout ventres bien remplis.
pour deux tasses: 6 dl de lait, 2 oeufs bien frais, 2 cc de mélange pour crème à la vanille, 4 cc de sucre de bouleau, 1 cc de cannelle, de la noix de muscade
Casser les oeufs dans une casserole, ajouter le mélange pour crème à la vanille, le sucre et la cannelle, fouetter pour bien mélanger, ajouter le lait et faire chauffer en remuant sans cesse. Râper de la noix de muscade et ajuster au goût. Boire chaud.
Pour rendre le tout plus gou… (argh) goûteux, remplacer une partie du lait par de la crème, séparer préalablement les oeufs, battre les blancs en neige et les incorporer délicatement au reste une fois chaud.
D’après l’Oxford English Dictionary, l’eggnog aurait ses origines en Est-Anglie: l’occasion de faire un peu de tourisme virtuel à Norwich et de résoudre le mystère du clavier d’Elm Hill.
Lebkuchen -> dans le dictionnaire un peu après Leben (la vie) et Leber (le foie), mais sans lien étymologique -> pas d’élément Le chez Mendeleïev, ni de Lb ou de Lk, mais un Lu bien connu par chez nous (pas pour ses biscuits mais pour ses rayons) -> le lutétium et son découvreur, Georges Urbain (également compositeur à ses heures perdues)
Pour 28 petits Elisenlebkuchen (parce que sans farine): 85 g d’amandes moulues, 85 g de noisettes moulues, 85 g de noix moulues, 100 g de sucrant (Erythrit, Xylit ou sucre roux), 4 cc de mélange d’épices pour Lebkuchen, 2 cc de poudre de cacao non sucré, 2 cc de zestes de citrons (en poudre… par flemme), 2 cc de zestes d’oranges (idem), 1/2 cc de bicarbonate de soude, 1 pincée de sel, 2 oeufs, 28 petites oublies (44 mm de diamètre)
Mélanger les poudres, ajouter les oeufs et bien mélanger. Préchauffer le four à 180°. Déposer 28 oublies sur une plaque chemisée, former 28 boulettes avec la pâte et les aplatir sur les oublies (si la masse est trop collante, former des petits tas à l’aide de deux cuillères, ils s’étaleront à la cuisson). Enfourner pour 15 minutes.
Variations possibles: remplacer une partie des amandes ou des noisettes par des noix, napper les Lebkuchen cuits et refroidis de chocolat fondu ou de confiture…
Et là je ne suis pas peu fière de ma chaîne de mots, parce que comme la bouillie, ces cannelés viennent de Bordeaux (et mes moules aussi) (mais les huîtres, du Bassin). L’histoire veut qu’au XVIIIème siècle les religieuses de l’église Sainte-Eulalie récupéraient auprès des vignerons de la région les jaunes d’oeuf, les blancs étant utilisés pour la filtration du vin: elles en auraient fait des petits gâteaux à distribuer aux pauvres (et non, ce n’était pas une idée de Marie-Antoinette).
Sans plus attendre, la recette la plus en vogue de notre cuisine cette année, à la page de laquelle mon livre de cuisine s’ouvre tout seul, colle et gondole.
Pour deux fournées de 12 cannelés: 60 g de beurre, 5 dl de lait, 4 oeufs (deux entiers et deux jaunes), 100 g de Tagatesse, 20 g de gluten, 50 g de farine blanche (T55), 30 g de farine de lupin, 2 cc de rhum, 14 gouttes d’h.e. de vanille
Faire fondre le beurre dans une casserole de lait chaud. Dans un saladier battre les oeufs et le Tagatesse jusqu’à ce qu’ils blanchissent. Ajouter le gluten et les farines, puis le lait tiède en mélangeant bien. Ajouter le rhum et la vanille, verser dans une bouteille d’un litre et mettre au frigo pour une heure, une nuit ou plus.
Préchauffer le four à 250°. Graisser les moules à cannelés et les remplir aux 3/4 (les cannelés vont fortement monter avant de redescendre, spectacle rigolo dans le four). Il restera environ le moitié de la pâte pour la seconde fournée. Cuire 6 min à 250°, ouvrir brièvement la porte du four et baisser le thermostat à 175°. Poursuivre la cuisson pendant encore 50 à 55 mn. Laisser refroidir avant de démouler (astuce personnelle sérendipitaire).
Chacune ses armes: à défaut de sortir grimoire et balai, je jette des sorts depuis ma cuisine. Voici des petites poupées vaudou dans lesquelles planter ses dents.
Allez les bleus !
Pour vingt petits Donalds: 200g d’amandes mondées, 30g de Tagatesse (ou 50g de sucre glace), 2 cs de confiture d’abricot (pour diabétiques ou pas), quelques morceaux de mangue séchée, 1/4 cc de curcuma (en poudre), 10 grains de poivre noir, deux ou trois carrés de chocolat noir
Réduire les amandes en poudre fine, ajouter le sucrant et la confiture puis mélanger jusqu’à former une boule bien agglomérée. Diviser en 4 boudins qui seront chacun coupés en 5 tranches. Former 20 petites têtes à claques. Faire fondre le chocolat au bain-marie. Découper des lanières de mangue et les plier en équerre pour former la précieuse chevelure: un peu de chocolat fondu sur le crâne pour faire tenir le tout. Délayer le curcuma dans un peu d’eau et en badigeonner la face de nos mignons sans-gênes (ou avec ?). Couper les grains de poivre en quatre pour figurer les yeux: les planter entre le coeur et le cerveau, ou si vous ne trouvez pas, plus ou moins à mi-hauteur. Tapisser une grande assiette de papier sulfurisé, former vingt flaques de chocolat fondu et planter chaque Donald au milieu de sa flaque marron. Réserver au frigo.
Peut-être devrait-elle se mettre aux fourneaux elle aussi ? On dirait que ça sent le roussi…
aïoli -> ail -> haleine -> soufre -> « en 1777, Antoine Lavoisier proposa à la communauté scientifique de considérer que le soufre était un élément et non pas un composé » -> « il épouse Marie-Anne Pierrette Paulze (…) celle-ci se révèle une aide et une collaboratrice scientifique précieuse pour son époux » (dixit Wikipédia) -> chic, une femme dans cette série !
La recette idéale pour liquider les derniers survivants du bac à légumes.
De pêché égoïste, l’obligation du port du masque a transformé la consommation d’aïoli en expérience masochiste… Si vous ne le faites pas pour vos voisins, faites-le pour vous-même !
Pour une assiette bien remplie: env. 500g de légumes/tubercules (par exemple, une grosse patate, un demi fenouil, deux carottes et un oignon nouveau), 1 gousse d’ail, 2 cs de purée d’amande, 2 cc de moutarde, 1-2 cs d’eau (ou d’huile d’olive), sel et poivre
Dégermer la gousse d’ail et la presser dans un bol: laisser reposer 15mn à l’air libre, c’est paraît-il plus digeste… Peler les légumes si besoin, les couper en morceaux épais d’un pouce environ (Pi mal Daumen) et les cuire à la vapeur. Dans le bol où patiente l’ail, ajouter la moutarde et la purée d’amande, bien mélanger, détendre avec l’eau ou l’huile pour atteindre la consistance d’une mayonnaise, saler et poivrer à votre goût. Disposer les légumes cuits dans un assiette, répartir par-dessus le pseudo-aïoli et saler encore un peu (je confesse ici mon snobisme culinaire).
Marie-Anne était également illustratrice et fut l’élève de Jacques-Louis David, à qui elle commanda plus tard le fameux portrait des époux Lavoisier.
La biographie de Marie-Anne se lit comme un feuilleton, l’occasion de découvrir dans les rôles secondaires Samuel Dupont et Françoise Robin (le concept de muse épistolière me laisse perplexe).
Un petit projet pour les longues soirées d’automne au coin de l’aquarium, pour rendre hommage d’une part aux chimistes découvreurs d’éléments comme le lutécium, et pour réunir quelques chouettes recettes basiques (et aussi pour assouvir mon goût des farces linguistiques):
Pour une plaque de chips: 50g de chou kale (chou plume) lavé et équeuté, 1 cs d’huile d’olive, 1/2 cs de moutarde, 2-3 pincées de sel
Sécher le chou dans un torchon puis le déchirer en gros morceaux et placer dans un saladier. Ajouter l’huile, la moutarde et le sel, et malaxer avec énergie pour que le chou soit bien enduit. Préchauffer le four à 100° (chaleur tournante). Etaler le chou sur une plaque recouverte de papier sulfurisé (ou d’un tapis de cuisson). Enfourner pour 30 minutes (voir ci-dessous).
Le mot kalium est tiré de l’arabe « al-qalyah » signifiant « cendre de plantes » -> vérifiez la cuisson de vos chips !
Humphry Davy, poète dans sa jeunesse, a découvert les propriétés euphorisantes du protoxyde d’azote (« gaz hilarant » pour le commun des mortels), il est l’inventeur d’une lampe de sécurité (rapport aux coups de grisou) pour les mineurs (Lampe Davy), l’auteur d’un traité de pêche à la ligne (Salmonia) et est enterré au Cimetière des Rois à Genève.
On sort ses mains de ses poches (surtout, on n’y joue pas au billard… vilain !) et on roule des boules de massepain diabétiques-friendly aux saveurs orientales.
Pour une vingtaine de pralines: 200g d’amandes mondées, 75g de Tagatesse, 40g de chocolat à 100% de cacao, une vingtaine de pistaches décortiquées, 1cs d’eau de fleur d’oranger (ou d’eau de rose)
Faire griller à sec les pistaches dans une poêle, réserver. Réduire les amandes en poudre au mixer. Dans un petit saladier, mélanger la poudre d’amandes, le Tagatesse, 1 cs d’eau de fleur d’oranger et 1 cs d’eau du robinet. Une fois que la masse est amalgamée, rouler des boules de la taille d’une petite noix entre vos paumes, disposer sur une assiette et mettre au frais. Faire fondre le chocolat au bain-marie, y tremper les boules (entièrement) et les placer sur une feuille de papier-cuisson. Déposer une pistache sur le sommet de chacune, laisser refroidir puis conserver au frigo.
Illustration d’après une photo (Murgab, Tajikistan, May 10, 2007) du livre de Nick Hannes « Red Journey » (Nick est décidement un vrai fan de billard).
La fin des vacances sonne le retour des déjeuners à heure fixe.
Dans la torpeur de l’été, les villages français n’ont pas vraiment changés. Nos métabolismes oui: adieu sucres raffinés, adieu acides gras saturés !
La recette du Nut***a, le sucre (ou en tout cas une bonne partie) et l’huile de palme en moins.
Pour trois pots de confiture environ: 400g de lait condensé non-sucré, 300g de chocolat à 90% de cacao, 100g de noisettes, 12 cs de xylit, 15 gouttes d’h.e. de vanille
Torréifier les noisettes, les frotter dans un torchon pour les peler (au moins aussi satisfaisant que de faire craquer du papier bulles) puis les laisser refroidir. Faire fondre au bain-marie le chocolat dans le lait condensé (je mets les 410g de la boîte), bien mélanger puis éteindre le feu. Réduire les noisettes en poudre. Incorporer les noisettes, le xylit et la vanille, mélanger une dernière fois et remplir les bocaux. Conserver au frigo.
Illustration d’après une photo de Thibaut Cuisset, dans son très beau livre Campagnes françaises.