Fish Stikh 1: changer de forme

На столике чай, печения сдобные,
В серебряной вазочке драже.
Подобрала ноги, села удобнее,
Равнодушно спросила: «Уже ?»
Протянула руку. мои губы дотронулись
До холодных гладких колец.
О будущей встрече мы не условились.
я знал, что это конец.

Sur la petite table, du thé, des pâtisseries,
Des dragées dans une coupelle en argent.
Ramenant les jambes sous elle, elle s’avachit
Et dit d’un ton las: « Est-il temps ? »
Elle tendit la main. Mes lèvres frôlèrent le coin
De ses anneaux lisses et glacés.
De prochain rendez-vous nous ne fixèrent point,
C’était fini, je le savais.

Anna Akhmatova
9 novembre 1910, Kyiv


Pieds: 12/10/11/8/12/8/11/8
(original: 10/9/11/9/14/8/12/7)


Le coin de ses anneaux: pour les besoins de la rime (bord ne rimant pas avec point), un oxymore est apparu, qui souligne le caractère hostile des anneaux en question et surtout de la main qui les porte.

Chez certains poissons aussi, la frontière entre rond et carré est mince: étant en temps normal de la forme d’un carton à chaussures avec des nageoires, ils peuvent se gonfler comme un ballon, pour éviter d’être avalés, par exemple.

Poisson-coffre pintade, gonu, 20 cm


Poisson porc-épic à taches auréolées, kashi koli, 45 cm

Qu’est-ce qui est plus mignon qu’un poisson porc-épic ? Deux poissons porc-épic !

Fish Stikh: introduction

Poisson-cocher grégaire, dhidhamas bibee, 18cm

Stikh: trancription du mot russe стих, le vers

Classiquement, on accompagne le poisson de pommes de terre vapeur, de riz ou de frites.
Les dessins de poissons, en revanche, s’accordent à merveille avec la poésie. C’est ce qui a fait le sel et le délice des dernières vacances à Filitheyo.

Il y a sûrement des fautes dans mes traductions des poèmes d’Anna Akhmatova. D’autre part, je me suis permis certaines libertés, le but étant de respecter autant que possible les pieds et les rimes.


On sait depuis South Park que les Fish Sticks sont à l’origine de la blague la plus drôle du monde.

Treppen der Stadt, épisode 9: Falkenburgweg

Falkenburgweg

529 marches entre Felsenstrasse et Falkenburgstrasse

à voir: après 55 marches, grimper les 6 qui partent à gauche et prendre le petit chemin de traverse pour aller rendre visite aux poules du Tyrol; après 333 marches environ, des volets appenzellois; à quelques mètres du sommet, un bel arbre aux feuilles en forme de rucola géante (chêne rouge d’Amérique)

à faire: contempler la vue sur la ville et le lac depuis le banc tout en haut à gauche; se sustenter au Falkenburg; emprunter le Vadianweg (n’oubliez pas de le ramener); faire du feu et de la balancelle en-haut de la colline (chercher Solitüden-Schaukel sur Google Maps)


529 marches c’est beaucoup, mais c’est également un nombre au carré (23), me souffle mon binôme essoufflé !
La montée est néanmoins agréable, grâce aux marches réparties en 62 volées.


Le spécialiste des escaliers st.gallois le dit ici: le Falkenburgweg est le plus beau de la ville !

Ishikari 4


Étape n°1
Étape n°2
Étape n°3

Étape n°4: Fukagawa – Shinshinotsu, 77 km

Nous voici dans la plaine de l’Ishikari, vaste et plate: les champs alternent avec les rizières.
Au programme aujourd’hui: une gare fantôme et un jeu de piste.

À une bonne soixantaine de kilomètres de Fukagawa, peu avant la petite ville de Tsukigata, nous accostons sur la rive droite au lieu-dit Akarasunai: de là, un sentier partant vers le nord nous amène à l’ancienne gare de Toyogaoka. Pour les amateurs de rails perdus dans la verdure (belle photo sur Google Earth)…

Pour la nuit, il y a trois options à Shinshinotsu: un camping, une maison d’hôtes (ひげ父さんの家 : « Maison du père barbu/moustachu ») et un hôtel avec onsen.
Et pour avoir de quoi grignoter dans son lit, partons à la recherche d’une pâtisserie perdue dans les champs.

Suivre la route qui part à l’ouest de l’hôtel: sur notre droite, un sanctuaire shintō puis un temple bouddhiste. Tourner à gauche puis au prochain carrefour, tourner à droite. On passe un carrefour, une rivière, un ruisseau, trois carrefours et au quatrième, tourner à gauche. Un peu plus loin sur votre droite, après un corps de ferme, se trouve dans une bicoque en bois la pâtisserie (ouverte uniquement le week-end).


En japonais, hige (ひげ) signifie barbe ou moustache: petit explicatif ici.
À ne pas confondre avec le hygge danois, qui n’a rien à voir dans cette histoire… ou presque !

Ishikari 3 (et des épinards au sésame)

Étape n°1
Étape n°2

Étape n°3: Asahikawa – Fukagawa, 29 km

L’étape du jour est courte: la matinée sera consacrée à la visite d’Asahikawa, deuxième plus grande ville d’Hokkaido.

Le principal monument semble être le pont Asahi (en premier plan sur le dessin), construit avec de l’acier allemand en 1932…
Tout près (la masse d’arbres foncés derrière la pont sur la gauche) se trouve le parc Tokiwa: promenade sous les arbres, visite du sanctuaire Kamikawa sur son île au milieu de l’étang, repos sur un banc avec un livre de Yasushi Inoue (natif d’Asahikawa) et un bento pour le repas de midi… avec des épinards au sésame, par exemple (recette ci-dessous).

On reprend la route, ou plutôt, les flots.

Arrivés à Fukagawa, les geeks pourront aller voir le Chatbus, situé au sud-est de la ville, à un bon gros kilomètre à l’est de la sortie de l’autoroute. Il y a un camping et une brasserie de cidre tout près.


pour deux petites portions d’épinards au sésame: 350 g d’épinards frais, 2 cc de tahini, 1 cc de miel, 1 cs de graines de sésame, 1 cs de sauce soja, 2 cs de vinaigre de riz, 3 cs d’huile de sésame grillé

Blanchir les épinards, les rincer à l’eau froide, les essorer en les serrant fortement entre les mains et les couper en petits tronçons de la taille d’une bouchée. Faire griller les graines de sésame dans une poêle à sec. Mélanger les ingrédients pour la sauce. Verser sur les épinards et parsemer de graines de sésame grillé.


Un autre regard sur Asahikawa, inspiré par Haruki Murakami.

Ishikari 2

Étape n°1

Étape n°2: Sōunkyō – Asahikawa, 77 km

Après avoir passé un camping puis un golf, 1 km environ après celui-ci, première petite halte de la journée: les commentaires sur la carte parlent de « chou puant« , mais il s’agit ici en fait de son cousin japonais, le lysichite blanc. Qui lui ne sent pas mauvais…

Son nom japonais, mizu bashō, signifie « bananier d’eau » et on ne parle pas de n’importe quelle bananier: le musa bashō (ou bananier du Japon) qui inspira le poète Bashō pour son pseudō. L’occasion de pondre un haiku:

La rivière coule
Un cal dans ma main
Ramant sous la lune

La rivière débouche dans la plaine, on passe les villages de Kamikawa et Aibetsu et juste avant d’arriver dans les faubourgs d’Asahikawa, une dernière halte botanique: sur les pentes de l’Otokoyama National Park pousse l’Erythronium japonicum, cousin de notre dent de chien. En japonais, katakuri: et les gourmands le connaissent bien puisque son bulbe est utilisé sous forme de poudre pour fabriquer entre autres les ichigo daifuku !


Au cas où le cal dans la main s’accompagnerait d’un creux à l’estomac et d’un intense mal du pays, la boulangerie Mawarimichi à Tōma propose pain au chocolat, stollen et jambon-beurre.




Tourisme fluvial: Ishikari 1



Ma dernière expédition fluviale s’étant embourbée peu après Blagovechtchensk, et ce coin du monde perdu pour l’instant, j’ai allègrement sauté par-dessus la mer du Japon pour descendre le principal fleuve d’Hokkaidō, l’Ishikari.

Étape n°1: Naissance de l’Ishikari – Sōunkyō, 26 km

Départ au point de confluence des deux ruisseaux donnant naissance à l’Ishikari, le Nutapukanbetsu et le Kuchanbetsu: 43°34’05.8’’N, 142°59’05.3’’E.

Un héliport, un lac artificiel et un barrage plus tard, nous arrivons dans les gorges de Sōunkyō. À voir: des formations rocheuses et des cascades.

Retour à la civilisation dans le village de Sōunkyō, qui dispose de sources thermales: arrêt obligatoire aux bains publics (Kurodake-No-Yu Public Onsen). En farfouillant au supermarché (le 7-Eleven) je rapporte quelques souvenirs (à retrouver dans leur photos sur Google Maps): du salami, des caramels d’Hokkaidō dans des boîtes kawai, du miel et une patte d’ours en bois pour faire des massages.


Savez-vous ce qu’est un bras-mort ? Rien à voir avec les kilomètres à la rame… mais c’est grâce à la rivière Ishikari (et Wikipédia) que je découvre ce mot et ses traductions pour fashionistas: Oxbow lake en anglais, billabong en australien.

Mas huni: déjeuner maldivien


Il y en a qui voyagent avec un saumon: une boîte de thon me suffit.

Pour retrouver le goût des déjeuners maldiviens, une recette rapide du placard: ma version du mas huni. À accompagner de parathas si on a le temps; sinon du riz, des patates à l’eau, ou du pain feront tout aussi bien l’affaire.


pour deux personnes: une boîte de thon (200 g, thon jaune de préférence), 1/2 oignon rouge, 1/2 citron jaune ou 1 citron vert, 1 piment, 2 cs bombées de noix de coco râpée, 2 cs de vinaigre de pomme

Dans un grand bol, verser l’oignon et le piment émincés finement, le vinaigre, le zeste et le jus du citron, le thon (émietté à la fourchette et grossièrement égoutté) puis la noix de coco. Bien mélanger, ajouter éventuellement un peu d’huile (l’original était plutôt sec, je le préfère un peu plus gras) puis mettre au frais jusqu’au service.


En attendant de voir l’atoll de Faafu en vrai, visite de l’île de Nilandhoo sur Google maps: le Café Allegria sert de modèle pour un dessin rapide (et d’alibi pour essayer ma nouvelle plume).

Mochi citron ? Mochiron !

Le printemps arrive, les feuilles poussent, les enfants aussi: joyeux anniversaire les zgrublos !

À l’intérieur aussi les feuilles poussent et s’amoncellent: d’un côté le tas de dessins et croquis, de l’autre celui des recettes du moment. Pour éviter que ces feuilles volantes ne se perdent, je revois à la baisse mes concepts d’illustration: du food pairing d’un autre genre. Ou comment Dominik se retrouve associé à une recette de mochi au citron.


pour 8 mochi daifuku au citron: 100 g de biscuits à la cuillère, 100 g de yoghourt citron, zeste et jus de 2 citrons verts, 80 g de farine de riz gluant, 70 g de sucre glace, 120 g d’eau, de la fécule

Réduire les biscuits en poudre (au mixer ou au rouleau), mélanger avec le yoghourt, le zeste et le jus. Former dix boules de taille égale (deux peuvent être mangées immédiatement), les déposer sur une assiette et les mettre au congélateur le temps de préparer la pâte à mochi.
Pour le reste, se reporter à la recette habituelle des daifuku.


Mochiron ? Toute occasion d’apprendre un mot de japonais est bonne à prendre.


Petit topo sur la couleur jaune, par Michel Pastoureau ici.