L’Art à ses balbutiements

En vacances, au soleil sur un balcon à la montagne. Le moment parfait pour renouer en douceur avec mon carnet de croquis. C’était sans compter sur les pulsions créatives des jumeaux: l’exercice se termine en impro à 4 mains.

L’occasion de se remémorer les conseils de Felix Scheinberger dans son livre Mut zut Skizzenbuch.

« Muss es ein sündhaft teures Moleskine-Buch sein oder tut es auch das « No Name »-Buch aus dem Supermarkt ? Um ehrlich zu sein: sei werden keine besseren Zeichnungen machen, nur weil Sie sich das teuerste Skizzenbuch kaufen. Eher im Gegenteil: Bei einem wertvollen Buch haben Sie möglicherweise Angst, darin Fehler zu machen. Und ohne Fehler geht es nun mal nicht. »

Honnêtement, vos dessins ne seront pas meilleurs parce que vous vous êtes acheté le carnet de croquis le plus cher. Bien au contraire: dans un cahier précieux, vous aurez probablement peur de faire des fautes. Et un sans faute, c’est mission impossible.

En l’occurrence, mon carnet n’est pas moins cher qu’un Moleskine, mais ce n’est pas un objet de collection non plus: je laisse de bon coeur des gribouillis réchauffer mes chaussettes ratées (en plus…).

Sur le même mode décomplexant:

« Reissen Sie keine « misslungenen » Seiten aus Ihrem Skizzenbuch. Das ist hässlich und zerstört die im Buchblock gegenüberliegende Seite mit. Überarbeiten Sie die Seite lieber bei anderer Gelegenheit. Zeichnen Sie daran weiter, collagieren Sie etwas oder bringen Sie Farbe ins Spiel. Sie werden überrascht sein, was eine fehlerhafte Seite noch hergibt. »

N’arrachez pas une page « ratée » de votre carnet. C’est moche et ça abime celle à laquelle elle était reliée. Retravaillez-la plutôt à l’occasion. Continuez votre dessin, collez quelque chose ou mettez de la couleur. Vous serez surpris de ce qu’on parvient à tirer d’une page imparfaite.

Chose lue chose faite: que ce soit une page en jachère gribouillée puis reprise en main à l’aquarelle et aux feutres, ou encore un allemand transformé en hindou tout à fait par hasard (à moins que le père ait transmis sa peur à ses enfants ?!).

 

 

C’est dans la boîte ! Alphabet, suite et fin

Mon vieux scanner peinait à la résolution: il a été remplacé par un petit jeune (c comme cougar ?!). Après quelques retouches sur Gimp, le choix du papier, l’impression, le découpage, le laminage, le redécoupage, j’avais enfin toutes les cartes en main et un bon thé pour fêter ça !

La dernière étape fut la boîte: je voulais pouvoir cacher les lettres ou les images, pour des versions évolutives du jeu. Comme il s’agit d’un jeu pour apprendre l’alphabet, une boîte rappelant un livre me paraissait tout indiquée.

Au final, on a neuf pièces de carton épais (2mm) reliées entre elles par de la bande à border noire (25mm de large). Pour un rendu un peu moins austère, j’ai rajouté au feutre indélébile un liseré rouge le long de la bande noire.

On ferme en rabattant les volets verticaux, puis les horizontaux, et on noue le tout avec un ruban, selon les disponibilités du placard.


    

Ouvert, fermé… ouvert, fermé, ouvert, fermé… on s’amuse déjà bien.

Il est toutefois plus intéressant de jouer avec les cartes, en les étalant et en demandant au petit Robert « Il est où le whisky ? », ou bien « Où sont les fruits ? ».

    

Avec sa soeur, la grosse Bertha, on passe au niveau suivant: comme elle commence à reconnaître les lettres, on cache les images en lui demandant « C’est quelle lettre, ça ? ». Et puis un jour, on cachera les lettres, et on lui dira « Comment on écrit la lettre E, comme dans éléphant ? ». On la tourmentera avec les accents quand elle sera en âge de comprendre…

Kanjis

L’enthousiasme ne va pas toujours de pair avec l’exactitude: cet article est écrit par une débutante en japonais et a pour but de partager ses « ohhh » et ses « ahhh ». 日本語の先生、si vous passez par là, vos remarques et corrections sont bienvenues !

Les kanjis japonais sont les idéogrammes venus de Chine, qui servent à transcrire une bonne partie du vocabulaire. Une terminaison écrite en alphabet japonais (hiragana) vient souvent les compléter.

C’est le plat de résistance de l’étude du japonais: les reconnaître, les écrire et les prononcer car, ne boudons pas notre plaisir, ils ont la plupart du temps plusieurs prononciations…

Comme tous les moyens sont bons pour les dompter, voici mes petites stratégies visuelles:


tanoshii

me fait penser à quand on gratte le ventre d’un chien

chien

et signifie agréable, joyeux (楽しい tanoshii).


furui

me fait penser à une tombe

tombe

et signifie vieux, ancien (古い furui).

!! Ne s’applique pas aux personnes (ouf) !!


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me fait penser à de l’herbe

herbe

et c’est bien à quoi cela fait référence, mais ce signe n’est jamais utilisé en temps que kanji seul: il s’agit d’une « couronne » qui permet de composer des kanjis plus complexes.

Il est toujours intéressant de déconstruire les kanjis « composés » et de découvrir les associations d’idées qui se cachent derrière.


Par exemple, quand on combine « herbe » et « agréable »,

kusuri

cela signifie médicament, remède (薬 kusuri)


et en combinant « herbe » et « ancien »,

nigai

on obtient pénible, douloureux (苦しい kurushii) ou amer (苦い nigai)


A quoi bon avoir de la culture si on ne peut pas l’étaler…

La prochaine fois que vous avez entre les mains un paquet de thé japonais (ou chinois, ça marche aussi), épatez vos amis: montrez-leur le mot « thé », c’est celui avec la couronne « herbe » !

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Vous l’avez repéré ?!

Quelle est la différence entre un russe et un dauphin ?

scan dauphins

Dans l’émission CQFD de la RTS du 05.05.2016, « A la découverte du langage des baleines », un spécialiste de la bioacoustique des cétacés a lâché une info qui m’a fait frétiller:

Il semblerait que les dauphins se donnent des noms !

D’une durée variant d’une demi à deux secondes, cette signature sonore se compose du nom de la mère, du nom du groupe auquel le dauphin appartient et enfin du prénom de l’individu.

Je n’ai pas pu m’empêcher d’y voir une blague rhétorique pas drôle:

Quelle est la différence entre un russe et un dauphin ?

Le russe hérite du prénom de son père (son patronyme, Vladimir Vladimirovitch par exemple), le dauphin de celui de sa mère (matronyme).

Notons que le dauphin est sur ce coup-là le plus pragmatique, la mère étant rarement putative (rien d’insultant). Les islandais quand à eux laissent libre choix entre patronyme ou matronyme, voire un nom basé sur le prénom du grand-père si le père biologique est inconnu.

C’est en cherchant ensuite combien il y avait de potentiels Vladimir Facteurovitch que je suis tombée sur cet article qui met fin à une légende urbaine de façon convaincante.

Pour revenir à nos dauphins, plus de détails dans un article en français, et un en anglais.

Scan dauphins2


Qui n’a jamais rêvé d’être un dauphin