J’appuie des deux mains et du front sur la vitre Ainsi, je touche le paysage, Je touche ce que je vois, Ce que je vois donne l’équilibre À tout mon être qui s’y appuie. Je suis énorme contre ce dehors Opposé à la poussée de tout mon corps ; Ma main, elle seule, cache trois maisons. Je suis énorme, Énorme… Monstrueusement énorme, Tout mon être appuyé au dehors solidarisé.
J’écris l’étroite maison rouge où passent des coulicous. Un homme avec une femme avec un enfant s’avancent dans un matin chargé d’impatientes. C’est un éveil à saveur de batture ; la largeur du ciel débonde la tête matinale. Il y a aussi le ventre du canot, son glissement de baume, la voie qu’il imprime dans le cœur. En contre-haut légèrement, la vie furtive du moqueur et son dernier tonnerre quand le renverse cet éclair épervier. Je ne parle pas. J’écris la saveur des premiers répertoires et dans le même souffle la plus dure flèche du carquois. J’écris ce qui chantait, ce qu’on attend au bord des fleuves, j’écris le claquement des canifs, l’escadrille qui fauche, j’écris un petit torse d’avenir, une poitrine consumée.
Je connais tout du Mouvement sans savoir que je suis si vivante
Que je suis le premier fragment de la danse l’aile encore pliée sur mes branches à respirer. La première flamme. La première musique. Je sais seulement le trajet des sons pour la rencontre des rythmes et l’avancée des siècles. Et pour tout ce déploiement d’air dans la poitrine.
Nouvelle ère sans soupçon mais d’extrême connivence et de couleurs insoupçonnées. Soulèvement d’oxygène qui défie la mort. Premier sentiment océanique. »
Marcher sur la plage jusqu’à l’extrême sud de la Nouvelle-Écosse, Débusquer des phoques aux jumelles, Sauter dans les rouleaux et manger des Lobster Rolls.
Pris et protégé et condamné par la mer Je flotte au creux des houles Les colonnes du ciel pressent mes épaules Mes yeux fermés refusent l’archange bleu Les poids des profondeurs frissonnent sous moi Je suis seul et nu Je suis seul et sel Je flotte à la dérive sur la mer J’entends l’aspiration géante des dieux noyés J’écoute les derniers silences Au-delà des horizons morts »
De l’île du Cap-Breton au Cap Split, le vent et les moustiques nous incitent à la pochade. On s’empiffre de crustacés (coquilles St. Jacques, homards) et de tarte au prune à croûte double. Les lupins de Pleasant Bay ont déjà fleuri, mais les roches et les marées de la baie de Fundy sont toujours là.
Québec, bordée par les larges flots du Saint-Laurent, La rivière Saint-Charles s’y fait toute petite, Elle ne fait ni la maline ni le poids face aux chutes Montmorency.
Au-bas de l’escalier Lépine (et ses banc suspendus brinquebalants), l’épine dans le pied du quartier St-Roch: le petit parc et la rue du Pont qui effrayent les ingénues sorties du Morrin College.
« …or je descends vers les quartiers minables bas et respirant dans leur remugle je dérive dans les bouts de rues décousus… »: ces vers de Gaston Miron semblent de circonstance.
Oh! qui me rendra ma piscine, et mon hôtel sur la colline ? Oh who will give me back my piscine, and my hotel up on the hill?
Ô ! spacieux loisir! Fontaine intacte Devant moi déroulée À l’heure Où quittant du sommeil La pénétrante nuit Dense forêt Des songes inattendus Je reprends mes yeux ouverts et lucides Mes actes coutumiers et sans surprises Premiers reflets en l’eau vierge du matin. La nuit a tout effacé mes anciennes traces. Sur l’eau égale S’étend La surface plane Pure à perte de vue D’une eau inconnue. Et je sens dans mes doigts À la racine de mon poignet Dans tout le bras Jusqu’à l’attache de l’épaule Sourdre un geste Qui se crée Et dont j’ignore encore L’enchantement profond. »
À peine avions-nous échappé au « divorce boat », le kayak à deux places, voilà que le chant du bruant allait donner lieu à des discussions sur le rythme… il y avait une raison à cela, c’est la faute à la mode (et aux femelles, comme d’hab). Article plus complet (en anglais) sur cette mode musicale chez les white-throated sparrows.
Quelque chose en avant comme la ville la peau parcourue à l’ombre des buildings attendre quant aux géographies amoureuses que ce texte du savoir et des saveurs ne cache jamais ou trop le désordre des cerveaux cigarettes précises ou drague inconsolable que la ville inédite rend mon corps périlleux puisque émeute d’âmes quelque chose dans l’été lisse le début de l’amour car klaxonnements et bruissements : c’est la perte de mon identité.
Montréal, ça commence sur le Mont Royal, pour voir le soleil se coucher encore plus à l’ouest et voler les vers-luisants. Montréal, c’est la joie de manger un bagel à l’aube, en regardant filer un raton-laveur gris et gras. Montréal, ses cookies, ses façades, ses ruelles vertes et fleuries.
Fairmount Bagel, 74 Av. Fairmount O
Café Différance, 449 Av. Viger O
Bar Darling, 4328 Boul. Saint-Laurent
Librairie Le port de tête, 222 Avenue du Mont-Royal
320 marches entre Berneggstrasse et Falkenburgstrasse
à voir: après 259 marches en montant, on arrive à une plate-forme d’observation avec une belle vue sur la vieille ville, la Mülenenschlucht (gorges de la Mülenen) et le Bodensee.
à faire: se reposer les jambes sur le banc en haut des escaliers, puis redescendre en ville par le chemin de la Mülenenschlucht, pour voir et entendre la Steinach de plus près. Si les jambes ne suivent plus, redescendre par le Mühleggbahn.
Un poisson (ou pas vraiment), un poème: épisode 12
Одни глядятся в ласковые взоры, Другие пьют до солнечных лучей, А я всю ночь веду переговоры С неукротимой совестью своей.
Я говорю: «Твое несу я бремя Тяжелое, ты знаешь, сколько лет.» Но для нее не существует время, И для нее пространства в мире нет.
И снова черный масленичный вечер, Зловещий парк, неспешный бег коня И полный счастья и веселья ветер, С небесных круч слетевший на меня.
А надо мной спокойный и двурогий Стоит свидетель… о, туда, туда, По древней подкапризовой дороге, Где лебеды и мертвая вода.
Les uns s’échangent de longs regards alanguis, D’autres boivent jusqu’au lever du soleil, Tandis que moi je marchande toute la nuit Avec ma conscience farouche et rebelle.
Je dis: « Sais-tu depuis combien de temps déjà Me voilà à te traîner comme un fardeau? » Mais pour la conscience le temps n’existe pas, L’espace non plus, ce ne sont que des mots.
Et de nouveau la sombre nuit de carnaval, Sous le vent rempli de bonheur et de joie, Dans ce funeste parc, le pas lent d’un cheval Et ce vent tombé du ciel sifflant sur moi.
Mais en surplomb, avec son calme et ses deux cornes Se tient un témoin… oh faites qu’on m’emporte Par ce vieux chemin, sous le Caprice qui l’orne, Là, là où les cygnes glissent sur l’eau morte.
Anna Akhmatova 3 novembre 1935 Maison sur la Fontanka
Pieds: 12/11 (original: 11/10) Rimes croisées
Note de la traductrice: le Caprice est un élément architectural séparant les parcs Catherine et Alexandre à Pouchkine, près de St. Pétersbourg.
Qui est ce témoin, tranquille, avec ses deux cornes ? J’étais partie tout feu tout flamme dans l’idée qu’il s’agit du diable, d’autant plus qu’Akhmatova parle plus haut des va-et-vient de sa conscience: c’est cette Tentation de Milou qui s’impose à mon esprit et peut-être le trouble. J’ai ensuite cherché en vain une statue cornue dans les environs du Caprice, idée suggérée par mon vis-à-vis, peine perdue. La question reste ouverte pour le moment.
Un personnage en surplomb et à cornes ? Dans mon cahier de créatures marines, il s’agit à coup sûr d’une raie !
134 marches entre Steingrüeblistrasse et Speicherstrasse
à voir: une jolie perspective sur les deux tours de la cathédrale depuis l’Axensteinstrasse
à faire: remplir son panier de Panettone en-bas de l’escalier ( la Fabbrica del Panettone est ouverte en période de l’Avent, sinon la Panetteria est 200m plus loin); enquiller des paniers au mini terrain de basket au bout de l’Axensteinstrasse; déballer son panier de pique-nique sur l’herbe du petit parc adjacent