Широко распахнуты ворота,
Липы нищенски обнажены,
И темна сухая позолота
Нерушимой вогнутой стены.
Гулом полны алтари и склепы,
И за Днепр широкий звон летит.
Так тяжелый колокол Мазепы
Над Софийской площадью гудит.
Все грозней бушует, непреклонный,
Словно здесь еретиков казнят,
А в лесах заречных, примиренный,
Веселит пушистых лисенят.
La grande porte ouverte aux quatre vents,
Les tilleuls sans feuilles et misérables,
Et la sombre dorure se craquelant
En haut des murs creux et inviolables.
Autels et cryptes bourdonnent pendant
Qu’au-delà du Dniepr s’envole un bruit.
Celui de la cloche Mazepa tonnant
Au-dessus de la place Sainte-Sophie.
Elle gronde, inexorable, comme au temps des
Hérétiques menés à l’échafaud.
Mais au-delà du fleuve, dans les forêts,
Elle égaye, paisible, les renardeaux.
Anna Akhmatova
21 septembre 1921
Pieds: 10/9
Pendant dix vers, la tension monte. Le décor planté n’est pas très riant (misérable, se craquelant…), l’atmosphère est de plus en plus menaçante (tonnant, gronde, échafaud…).
Puis en deux vers, retour au calme (égaye, paisible…) pour finir sur l’image mignonne de renardeaux. Duveteux, en version originale, précision sacrifiée sur l’autel des pieds.
Quel rapport à nos poissons ? Ce même sentiment d’appréhension qui grimpe à l’idée de les rencontrer (ils portent des noms menaçants) pour finalement se rendre compte qu’ils n’étaient pas si féroces.