J’écris l’étroite maison rouge où passent des coulicous. Un homme avec une femme avec un enfant s’avancent dans un matin chargé d’impatientes. C’est un éveil à saveur de batture ; la largeur du ciel débonde la tête matinale. Il y a aussi le ventre du canot, son glissement de baume, la voie qu’il imprime dans le cœur. En contre-haut légèrement, la vie furtive du moqueur et son dernier tonnerre quand le renverse cet éclair épervier. Je ne parle pas. J’écris la saveur des premiers répertoires et dans le même souffle la plus dure flèche du carquois. J’écris ce qui chantait, ce qu’on attend au bord des fleuves, j’écris le claquement des canifs, l’escadrille qui fauche, j’écris un petit torse d’avenir, une poitrine consumée.
Je connais tout du Mouvement sans savoir que je suis si vivante
Que je suis le premier fragment de la danse l’aile encore pliée sur mes branches à respirer. La première flamme. La première musique. Je sais seulement le trajet des sons pour la rencontre des rythmes et l’avancée des siècles. Et pour tout ce déploiement d’air dans la poitrine.
Nouvelle ère sans soupçon mais d’extrême connivence et de couleurs insoupçonnées. Soulèvement d’oxygène qui défie la mort. Premier sentiment océanique. »
Marcher sur la plage jusqu’à l’extrême sud de la Nouvelle-Écosse, Débusquer des phoques aux jumelles, Sauter dans les rouleaux et manger des Lobster Rolls.
Québec, bordée par les larges flots du Saint-Laurent, La rivière Saint-Charles s’y fait toute petite, Elle ne fait ni la maline ni le poids face aux chutes Montmorency.
Au-bas de l’escalier Lépine (et ses banc suspendus brinquebalants), l’épine dans le pied du quartier St-Roch: le petit parc et la rue du Pont qui effrayent les ingénues sorties du Morrin College.
« …or je descends vers les quartiers minables bas et respirant dans leur remugle je dérive dans les bouts de rues décousus… »: ces vers de Gaston Miron semblent de circonstance.
Oh! qui me rendra ma piscine, et mon hôtel sur la colline ? Oh who will give me back my piscine, and my hotel up on the hill?
Quelque chose en avant comme la ville la peau parcourue à l’ombre des buildings attendre quant aux géographies amoureuses que ce texte du savoir et des saveurs ne cache jamais ou trop le désordre des cerveaux cigarettes précises ou drague inconsolable que la ville inédite rend mon corps périlleux puisque émeute d’âmes quelque chose dans l’été lisse le début de l’amour car klaxonnements et bruissements : c’est la perte de mon identité.
Montréal, ça commence sur le Mont Royal, pour voir le soleil se coucher encore plus à l’ouest et voler les vers-luisants. Montréal, c’est la joie de manger un bagel à l’aube, en regardant filer un raton-laveur gris et gras. Montréal, ses cookies, ses façades, ses ruelles vertes et fleuries.
Fairmount Bagel, 74 Av. Fairmount O
Café Différance, 449 Av. Viger O
Bar Darling, 4328 Boul. Saint-Laurent
Librairie Le port de tête, 222 Avenue du Mont-Royal
Après la ville et le parc d’attraction, retour aux basiques: de la farine (sous toutes ses formes) et de l’eau (fraîche).
Départ de la gare de Levanto, direction le bord de mer. On serait bien les derniers à se réjouir de la disparition d’une ligne de train, mais ici c’est un mal pour un bien: balade agréable et au frais jusqu’à Bonassola. Passage obligé par la Forneria Bianchetto (farinata, tartes, amaretti…) et promenade digestive jusqu’à la Punta della Madonna. Et pour celle dont le coeur palpite devant tout ce bleu, petite crique à l’ouest de la plage de Bonassola.
Bonace, bonasse ou bonnasse ? À ne pas confondre, même si, chez Huysmans, la première est charnelle.
Forneria Bianchetto, Via Gino Daneri, 66, 19011 Bonassola SP, Italie
Pour une journée pépère: arriver à Vernazza en train, marcher jusqu’à Corniglia. Acheter un pic-nic à l’épicerie A. Butiega, le manger loin des foules, si possible. Descendre les escaliers qui mènent à la gare, continuer vers Manarola et Riomaggiore en train (ou à pied si les sentiers sont ouverts).
Quelques impressions en forme de haiku acrostiche, pour mémoriser le nom des cinq villages qui forment les Cinque Terre:
MONTées et descentes
VERts et bleus
COhue et queues
MAlgré la beauté des lieux
RIons et fuyons
A Butiega, Via Fieschi, 142, 19018 Corniglia SP, Italie
Commençons près du port, pour prendre le pouls de la ville à ses chevilles: un café au De Terminal (juste un café…) avec vue sur bâteaux, mouettes et vieux loups de mer.
Laissons certains organes cachés sous les palmes et les feuilles des jardins publics et remontons la Via del Prione, colonne vertébrale du centre. L’estomac est à deux pas, sur la Piazza Cavour où se trouve le marché couvert.
Le (coup de) coeur, ce sont les différents escaliers montant en direction du château, et tout particulièrement le scalinata cernaia.
En haut des marches, la tête de La Spezia: nez humant le parfum des mimosas, yeux admirant la vue depuis la terrasse du Castello San Giorgio, les lèvres sur une tasse de cioccolata calda au Orto Bar Il Poggio.
Quand on n’a pas de cervelle, on a des jambes (et faim): après deux aller-retours au pas de course entre la maison et le Jardin des Clarisses, se remettre de ses émotions à la Pasticceria Fiorini.
En parlant d’escaliers, savez-vous ce que signifie avoir l’esprit d’escalier ?
Il Poggio Orto-Bar, Scalinata S. Giorgio, 5, 19121 La Spezia SP, Italie
Pasticceria Fiorini, Piazza Giuseppe Verdi, 25, 19124 La Spezia SP, Italie