V(odka Carambar)


La Table de Mangeleïev, épisode 8

Vodka Carambar -> V -> Vanadium -> élément découvert par Andrés Manuel del Río

Ça doit être un peu rageant, quand tu crois avoir découvert un nouvel élément, que ton pote Humboldt te dit que non… et que 30 ans plus tard, on s’aperçoive que tu avais raison. Pas sûr que le courant passe toujours très bien, entre Andrés et Alex !

Trêve de mauvais jeu de mot, voici la recette rituelle de Noël, la vodka Carambar.


Une fois n’est pas coutume, commençons par le processus: verser dans un bocal bien étanche et assez grand la vodka, les carambars (sans leur papier…) et le sucre. Secouer le bocal de temps à autre et laisser la nature faire son oeuvre (cela prend environ deux semaines). Une fois que tout est dissous, mettre en bouteille.

Voici les proportions, à ajuster selon la quantité voulue et/ou la taille des bouteilles: 1dl de vodka, 7 carambars, 10g de sucre roux

Les paquets usuels de Carambar (320g) en contiennent 40, on y ajoute 1,1 litre de vodka et 110g de sucre.
Ou pour faire simple: un paquet de Carambars, 1 litre de vodka, 100g de sucre !


Mettre les Carambars au frais facilitera le déballage, étape de loin la plus fastidieuse.


Recette adaptée de celle de Beau à la louche

Et parce que contrairement à l’alcool et au sucre, rire c’est bon pour la santé, voici le top 100 des blagues Carambar.

S(t)r(udel au chou)


La Table de Mangeleïev, épisode 7

Strudel de chou -> Sr -> Strontium -> comme Sir Humphry Davy a déjà été mis à l’honneur ici -> Strontianite -> Thomas Charles Hope

Un homme sympathique, ce Sir Hope: c’est lui qui expliqua pourquoi les icebergs flottent et qui détermina la température à laquelle l’eau est à son maximum de densité (4 degrés: pour savoir où en trouver, voir ici). Il fut également le professeur de Charles Darwin et remporta en 1800 le tournoi de tir à l’arc de la Edinburgh Arrow.

Pour canaliser le flot de choux qui s’abat en hiver sur les abonnés au paniers de légumes, une recette imparable: le strudel de chou.
Découverte dans un livre de Pavel Spiridonov, la recette a subi depuis février quelques variations: ajout de graines de tournesol grillées, par exemple.

La recette ci-dessous s’adapte au contenu du frigo: ingrédients et quantités à ajuster selon les disponibilités, le principe ne change pas: same procedure as every strudel.


pour un strudel: un paquet de pâte à strudel, 1/2 chou blanc (ou vert, ou rouge, ou même un chou entier), 20 marrons pelés, 2 pommes de terre cuites, 100 g de fromage à pâte dure (raclette, par exemple), une rasade de cognac, une gousse d’ail, un piment, 1/4 de cc de graines de cumin, huile d’olive, sel et poivre

Laisser la pâte à strudel au frigo, le temps de préparer la farce.

Émincer l’ail, le piment et le chou. Dans une grande poêle, faire revenir l’ail dans un peu d’huile, puis le chou et laisser cuire 10 minutes environ. Ajouter le piment, les marrons, le cumin et le cognac. Saler, poivrer et laisser mijoter à couvert 10 minutes de plus en remuant de temps à autre.
Lorsque le chou est tendre, ôter du feu, rectifier l’assaisonnement, couper grossièrement les marrons avec la spatule, et laisser refroidir le temps de préparer la pâte.

Préchauffer le four à 180° (chaleur tournante).
Sur un plan de travail propre (linge, tapis de cuisson…), déplier une des quatre feuilles de pâte et la badigeonner généreusement d’huile. Superposer la deuxième, huiler, la troisième, huiler et la dernière, huiler également.

Étaler la farce sur les 2/3 de la pâte, dans le sens de la longueur, en laissant trois centimètres sur les côtés. Déposer ensuite les pommes de terres et le fromage coupés en morceaux.
Rouler le strudel (on commence par le côté avec la farce), déposer sur une plaque (avec un papier de cuisson), badigeonner d’huile et cuire 25 minutes environ.

Servir chaud, froid ou réchauffé.



Quelques variantes: remplacer les pommes de terre par une grosse tasse de sarrasin cuit (à mélanger avec le chou une fois sorti du feu), et le fromage par du gorgonzola. Ou à la place du chou (parce qu’à force des faire des strudels, il n’y en a plus qui trainent), rafler tous les légumes racines disponibles, et les émincer en quelques coups de blender.

Pour ceux qui mangeraient ce strudel seuls et parce que c’est de circonstance : Dinner for one.


D(aikon en pickle)s

La Table de Mangeleïev, épisode 6

Pickles de daikon -> bon pour le microbiote intestinal -> Darmstadt -> Ds, symbole chimique du darmstadtium -> synthétisé pour la première fois par Peter Armbruster (et Gottfried Münzenberg)

Le chimiste du jour est toujours vivant, et même nonagénaire: parfait pour illustrer une recette de tsukemono de daikon (ou en vf: radis long en saumure).

La recette est très simple, du moment que l’on dispose d’un tsukemonoki et de yuzukoshô (purée de piment vert au yuzu). Alternativement, on peut bricoler avec un bocal et des poids, et remplacer le yuzukoshô par des zestes de citron et du piment frais ou en poudre.


Pour environ quatre portions: 200 g de daikon (à peu près une moitié de légume), 1/2 cc de sel, 1/4 cc de yuzukoshô

Peler le daikon, le couper en deux dans le sens de la longueur, puis en fines tranches d’environ 2 mm. Saupoudrer de sel et de yuzukoshô, bien mélanger puis tasser au fond du tsukemonoki. Laisser reposer au frigo quelques heures, ou en tout cas assez pour que les pickles soient immergés. Egoutter, servir en salade ou en garniture.


Recette largement inspirée de celle de Lutsubo

Si j’ai affublé Peter Armbruster de deux pickles oreilles de lapin, c’est un peu à cause de son prénom, mais surtout parce qu’il a l’air d’avoir de l’humour, en tout cas à en juger cette interview.

Petit jeu: chercher en plus du darmstadtium les quatre autres éléments du tableau périodique nommés en l’honneur d’une ville.

Cr(ackers aux olives et graines de courge)

La Table de Mangeleïev, épisode 5

Crackers -> crr crr crr -> Cr, symbole chimique du chrome -> découvert par Louis-Nicolas Vauquelin

« Il vient d’une famille pauvre: son père dirigeait les ouvriers du château d’Hébertot que possédait le petit-fils du chancelier D’Aguesseau. (…) Il expira tranquillement dans la nuit du 14 novembre 1829, alors qu’il essayait de traduire quelques vers de Virgile. »

Entre sa jeunesse et cette mort en charmante compagnie, une vie édifiante et fort remplie que des parents citeraient volontiers en exemple. Au nombre de ses découvertes, on retrouve la nicotine, l’asparagine, la pectine ou encore l’acide quinique: pensez à lui lors de votre prochaine cigarette, asperge, pomme ou gin tonic !


Pour une plaque de crackers: 85 g de farine d’épeautre, 80 g de farine de sarrasin, 30 g de graines de courges, 18 olives (dénoyautées et coupées en morceaux), 1 cs de zaatar, 1/4 cc de sel, 2 cs d’huile d’olive, 80 g d’eau

Préchauffer le four à 170°. Mélanger les ingrédients secs (graines de courge et olives incluses), ajouter l’huile et l’eau, former une boule de pâte et la pétrir quelques instants. Sur une plaque chemisée de papier cuisson, étaler la pâte avec les mains jusqu’à ce qu’elle atteigne une épaisseur d’environ 5 mm. Prédécouper 16 rectangles (avec le dos d’un couteau ou une corne à pâtisserie) et mettre au four pour 15 à 20 mn.


Recette adaptée du livre Vegan de Marie Laforêt


Pour les invités surprises et les partages chrétiens, voici la formule pour transformer 16 crackers en 100 rectangles !

L(ebk)u(chen)

La Table de Mangeleïev, épisode 4

Lebkuchen -> dans le dictionnaire un peu après Leben (la vie) et Leber (le foie), mais sans lien étymologique -> pas d’élément Le chez Mendeleïev, ni de Lb ou de Lk, mais un Lu bien connu par chez nous (pas pour ses biscuits mais pour ses rayons) -> le lutétium et son découvreur, Georges Urbain (également compositeur à ses heures perdues)


Pour 28 petits Elisenlebkuchen (parce que sans farine): 85 g d’amandes moulues, 85 g de noisettes moulues, 85 g de noix moulues, 100 g de sucrant (Erythrit, Xylit ou sucre roux), 4 cc de mélange d’épices pour Lebkuchen, 2 cc de poudre de cacao non sucré, 2 cc de zestes de citrons (en poudre… par flemme), 2 cc de zestes d’oranges (idem), 1/2 cc de bicarbonate de soude, 1 pincée de sel, 2 oeufs, 28 petites oublies (44 mm de diamètre)

Mélanger les poudres, ajouter les oeufs et bien mélanger. Préchauffer le four à 180°. Déposer 28 oublies sur une plaque chemisée, former 28 boulettes avec la pâte et les aplatir sur les oublies (si la masse est trop collante, former des petits tas à l’aide de deux cuillères, ils s’étaleront à la cuisson). Enfourner pour 15 minutes.


Variations possibles: remplacer une partie des amandes ou des noisettes par des noix, napper les Lebkuchen cuits et refroidis de chocolat fondu ou de confiture…

J’avais la recette d’Antigone XXI en bon souvenir et celle d’Elisabeth Green m’a bien aidée.

Pour finir la boîte d’oublies, cette recette, ou encore celle-la.

Pour jetter un oeil dans une cuisine hautement plus technologique (en allemand).

Cu(rlututu), chapeau pointu

La Table de Mangeleïev, épisode 3

cannelé -> moule à cannelé -> cuivre -> bouillie bordelaise – > Alexis Millardet

Et là je ne suis pas peu fière de ma chaîne de mots, parce que comme la bouillie, ces cannelés viennent de Bordeaux (et mes moules aussi) (mais les huîtres, du Bassin). L’histoire veut qu’au XVIIIème siècle les religieuses de l’église Sainte-Eulalie récupéraient auprès des vignerons de la région les jaunes d’oeuf, les blancs étant utilisés pour la filtration du vin: elles en auraient fait des petits gâteaux à distribuer aux pauvres (et non, ce n’était pas une idée de Marie-Antoinette).

Sans plus attendre, la recette la plus en vogue de notre cuisine cette année, à la page de laquelle mon livre de cuisine s’ouvre tout seul, colle et gondole.


Pour deux fournées de 12 cannelés: 60 g de beurre, 5 dl de lait, 4 oeufs (deux entiers et deux jaunes), 100 g de Tagatesse, 20 g de gluten, 50 g de farine blanche (T55), 30 g de farine de lupin, 2 cc de rhum, 14 gouttes d’h.e. de vanille

Faire fondre le beurre dans une casserole de lait chaud. Dans un saladier battre les oeufs et le Tagatesse jusqu’à ce qu’ils blanchissent. Ajouter le gluten et les farines, puis le lait tiède en mélangeant bien. Ajouter le rhum et la vanille, verser dans une bouteille d’un litre et mettre au frigo pour une heure, une nuit ou plus.

Préchauffer le four à 250°. Graisser les moules à cannelés et les remplir aux 3/4 (les cannelés vont fortement monter avant de redescendre, spectacle rigolo dans le four). Il restera environ le moitié de la pâte pour la seconde fournée. Cuire 6 min à 250°, ouvrir brièvement la porte du four et baisser le thermostat à 175°. Poursuivre la cuisson pendant encore 50 à 55 mn. Laisser refroidir avant de démouler (astuce personnelle sérendipitaire).


Recette légèrement adaptée du livre d’Annabelle Orsatelli « La pâtisserie pour diabétiques, c’est permis !« .

S(ulfureux) aïoli

La Table de Mangeleïev, épisode 2

aïoli -> ail -> haleine -> soufre -> « en 1777, Antoine Lavoisier proposa à la communauté scientifique de considérer que le soufre était un élément et non pas un composé » -> « il épouse Marie-Anne Pierrette Paulze (…) celle-ci se révèle une aide et une collaboratrice scientifique précieuse pour son époux » (dixit Wikipédia) -> chic, une femme dans cette série !

La recette idéale pour liquider les derniers survivants du bac à légumes.

De pêché égoïste, l’obligation du port du masque a transformé la consommation d’aïoli en expérience masochiste… Si vous ne le faites pas pour vos voisins, faites-le pour vous-même !


Pour une assiette bien remplie: env. 500g de légumes/tubercules (par exemple, une grosse patate, un demi fenouil, deux carottes et un oignon nouveau), 1 gousse d’ail, 2 cs de purée d’amande, 2 cc de moutarde, 1-2 cs d’eau (ou d’huile d’olive), sel et poivre

Dégermer la gousse d’ail et la presser dans un bol: laisser reposer 15mn à l’air libre, c’est paraît-il plus digeste… Peler les légumes si besoin, les couper en morceaux épais d’un pouce environ (Pi mal Daumen) et les cuire à la vapeur. Dans le bol où patiente l’ail, ajouter la moutarde et la purée d’amande, bien mélanger, détendre avec l’eau ou l’huile pour atteindre la consistance d’une mayonnaise, saler et poivrer à votre goût. Disposer les légumes cuits dans un assiette, répartir par-dessus le pseudo-aïoli et saler encore un peu (je confesse ici mon snobisme culinaire).


Marie-Anne était également illustratrice et fut l’élève de Jacques-Louis David, à qui elle commanda plus tard le fameux portrait des époux Lavoisier.

La biographie de Marie-Anne se lit comme un feuilleton, l’occasion de découvrir dans les rôles secondaires Samuel Dupont et Françoise Robin (le concept de muse épistolière me laisse perplexe).

Chips de Ka(le)

Un petit projet pour les longues soirées d’automne au coin de l’aquarium, pour rendre hommage d’une part aux chimistes découvreurs d’éléments comme le lutécium, et pour réunir quelques chouettes recettes basiques (et aussi pour assouvir mon goût des farces linguistiques):

La Table de Mangeleïev

chips de kale -> kalium -> nom latin du potassium -> découvert en 1807 par Sir Humphry Davy


Pour une plaque de chips: 50g de chou kale (chou plume) lavé et équeuté, 1 cs d’huile d’olive, 1/2 cs de moutarde, 2-3 pincées de sel

Sécher le chou dans un torchon puis le déchirer en gros morceaux et placer dans un saladier. Ajouter l’huile, la moutarde et le sel, et malaxer avec énergie pour que le chou soit bien enduit. Préchauffer le four à 100° (chaleur tournante). Etaler le chou sur une plaque recouverte de papier sulfurisé (ou d’un tapis de cuisson). Enfourner pour 30 minutes (voir ci-dessous).


Le mot kalium est tiré de l’arabe « al-qalyah » signifiant « cendre de plantes » -> vérifiez la cuisson de vos chips !

Humphry Davy, poète dans sa jeunesse, a découvert les propriétés euphorisantes du protoxyde d’azote (« gaz hilarant » pour le commun des mortels), il est l’inventeur d’une lampe de sécurité (rapport aux coups de grisou) pour les mineurs (Lampe Davy), l’auteur d’un traité de pêche à la ligne (Salmonia) et est enterré au Cimetière des Rois à Genève.