Son pont bleu est plus petit que celui d’Amsterdam ou de St. Pétersbourg. Mais alors que les canaux de ces Venises du Nord n’invitent pas à la baignade, c’est justement pour cela que l’on vient à Rennes-les-Bains. Prévoir un petit goûter et se prélasser dans la baignoire des Bains Doux.
Fin septembre, à Dieppe, un bébé d’aluminium était conçu à grands coups de collage-rivetage. 669 km plus à l’est, je faisais en guise de babyshower cuire des artichauts à la vapeur.
À défaut de pouvoir faire le pied de grue devant la maternité, je faisais les cent pas dans le quartier du port. Je restais prise Quai du Carénage dans les filets gras et houblonnés de Chez Polette puis captivée par une photo de La Cravache d’Or: Atmosphère à mi-chemin entre Delicatessen (nous voilà justement à la rue Tête de Boeuf) et La Cité des enfants perdus. Souhaitons à notre petite Alpine des rêves moins angoissants.
L’eau de cuisson des artichauts s’est révélée d’un vert profond, parfait pour peindre ce ciel dieppois ! Il ne manque plus qu’un peu de bleu.
« Tout portrait qu’on peint avec âme est un portrait non du modèle, mais de l’artiste », écrit Oscar Wilde dans Le Portrait de Dorian Gray: serait-ce une double psychothérapie qui se joue sous l’oeil narquois de ce chien ?
En parlant de chiens: un autre petit portrait entre amis.
Oui, ça peut toujours être pire. Ce n’est pas la pauvre Margarete qui dira le contraire. Quentin Metsys avait néanmoins beaucoup d’amis.
Bonus de fin de vacances:
Savoirs en cascade offerts gracieusement par M. Bosch: L’Escamoteur (où l’on apprend que l’escamoteur n’est pas le personnage de gauche mais celui de droite), La Lithotomie (méfiez-vous des tailleurs de pierre), et The Madman’s Honey, la bande son délicieusement rétro de ce soir.
Lasalle, une rue toute en longueur, une boulangerie à chaque bout. Le soleil tape, les cigales cymbalisent, le duel entre Le Gourmet et Les Douceurs d’Emy s’annonce serré (une chouquette pourrait faire pencher la balance). Une visite au Café de la Place (et à ses toilettes atypiques) et nous regagnons nos collines.
Soudorgues, climat définitivement non-violent à Terre de Mauripe: sirops divers et Vieille Gisèle (au cas où nous l’aurions ratée au marché de Lasalle). Ambiance décontractée à La Balade Gourmande, suivie d’une promenade au clair de lune.
Je n’oserai troubler ce calme et je m’abstiendrai d’écrire des bêtises, au cas où l’ancienne institutrice de l’école du hameau de La Coste me surveille depuis là-haut…
Intérieur typique entre Ribes et Saint-André-Lachamp.
Pour de vraies explications sur l’habitat ardèchois, se reporter aux travaux de Michel Carlat, les pages 28 à 32 dans notre cas. En plus court par ici.
En enquêtant sur les origines du foie gras, j’ai appris de drôles de choses. Dans la Rome antique, les oies étaient gavées avec des boulettes de figues séchées, et c’est là qu’il faut chercher l’étymologie du mot « foie »: du latin « ficus » (la figue). Que le nom d’un organe découle de l’une de ses formes pathologiques, voilà qui n’augure (que dirait le foie de Plaisance ?) rien de bon !
Plutôt que de dessiner un organe mal en point, j’ai préféré m’intéresser aux figues, et là aussi il y avait de quoi lire: c’est au moyen de figues fraîches que Caton l’ancien aurait convaincu ses concitoyens d’aller détruire Carthage ( même si la figue est un faux fruit, au moins figue il y avait).
La Figue de Solliès m’a servi de prétexte pour aller fureter du côté du sud et utiliser mon turquoise acheté jadis à Nice. Cette vue du Coudon m’a rappelé au bon souvenir du Pic des Mouches…
… une recette de foie gras donc, mais point de figue de barbarie ici. Et d’ailleurs si une spécialité carnée emprunte le nom d’un fruit, je ne vais pas me gêner pour adopter sa version végane (et économique) !
Petite adaptation du nom tout de même, depuis qu’un allemand zêlé l’a prononcé ainsi.
Pour deux gros bocaux: 150 g de noix de cajou, 25 g de bolets séchés, 80 g d’huile de coco désodorisée, 20 g de beurre de cacao, 50 g de miso blond, 20 g de levure noble, 2 cs de cognac, 1 cc d’agar-agar, 1/2 cc de concentré de tomates, 1/2 cc de vinaigre de cidre, 1/2 cc de sel, 1/2 cc de poivre (5 baies), 1/2 cc de coriandre (en poudre), 1/2 cc de mélange 4 épices (donc 1/8 cc de cannelle, gingembre, girofle et muscade)
Mettre les noix de cajou à tremper durant 4 heures. Infuser les champignons dans 250 ml d’eau bouillante.
Dans une petite casserole, faire fondre l’huile de coco et le beurre de cacao. Dans un blender, verser les noix de cajou égouttées, l’eau de trempage des champignons (utiliser ces derniers pour une autre recette: sautés avec des pommes de terre, par exemple), l’huile de coco et le beurre de cacao fondus, ainsi que le reste des ingrédients. Bien mixer puis verser dans la casserole. Tout en remuant bien, porter à ébullition, laisser buller pendant une minute et verser dans les bocaux. Les perfectionnistes et/ou les esthètes ajouteront une fine couche d’huile de coco fondue avec quelques grains de curcuma. Laisser refroidir et mettre au frais. Laisser figer idéalement 24 heures.
Étaler sur du pain et saupoudrer de fleur de sel (et pour boucler la boucle, des figues fraîches ou en confit).
Recette légèrement adaptée de celle de La petite Okara (qui explique bien mieux la marche à suivre). Merci à elle !