Синий вечер. Ветры кротко стихли,
Яркий свет зовет меня домой.
Я гадаю: кто там? – не жених ли,
Не жених ли это мой?..
На террасе силуэт знакомый,
Еле слышен тихий разговор.
О, такой пленительной истомы
Я не знала до сих пор.
Тополя тревожно прошуршали,
Нежные их посетили сны.
Небо цвета вороненой стали,
Звезды матово-бледны.
Я несу букет левкоев белых.
Для того в них тайный скрыт огонь,
Кто, беря цветы из рук несмелых,
Тронет теплую ладонь.
L’heure bleue. Peu à peu, le vent est tombé,
Une vive lumière me rappelle chez moi.
Je le devine: qui est là ? Mon fiancé ?
Est-ce mon fiancé que je vois ?
Cette silhouette que je connais par coeur,
Sur la terrasse, parlant doucement.
C’est une nouvelle et affolante langueur
Que je découvre à présent.
Les peupliers, sensibles, frémissent du haut
De leur cimes bercées de doux rêves.
Le ciel est bleu acier, aile de corbeau,
Des étoiles blanc pâle s’y lèvent.
Je porte un bouquet de giroflées roses.
Un feu secret se terre en son coeur,
Pour qui, les prenant de mes mains qui n’osent,
En sentira la moiteur.
Anna Akhmatova
Septembre 1910, Tsarskoïe Selo
Pieds: 10/9/10/7
Giroflées roses: elles sont blanches dans l’original, mais elles ne rimeraient pas. « Une fiancée en blanc qui rosit de timidité », voilà comment un exégète zélé pourrait justifier cette trahison.
Sous l’eau, il arrive que les poissons trichent avec leur couleurs. Et sur terre c’est encore pire…
Pour apprendre à faire un poisson en feuilles de palmier: par ici